GILLES EN TEXTES ET CHANSONS
Les textes et chansons de Gilles sont divisés en plusieurs catégories et tous ne sont pas encore disponibles sur ce site, mais des mises à jour régulières sont effectuées.
Et comme le disait Gilles dans son avant-propos au recueil "Chansons que tout cela!":
Voici, cher lecteur, des chansons toutes nues, c'est-à-dire telles qu'elles furent à l'origine, avant de trouver leur vêtement harmonique et l'aile d'une mélodie capable de les arracher au sol. Chansons à l'escale, voiliers aux voiles carguées, à l'ancre dans le port.
Ainsi l'amateur, curieux d'en connaître plus précisément le gréement et la cargaison, peut s'en approcher, en faire le tour et les considérer dans tous leurs détails que le mouvement même de la musique lui avait peut-être dérobés quand il les entendait au music-hall ou au cabaret.
Mais attention! Cher lecteur, ces textes nus ne sont pas des poèmes. Ils appartiennent à la chanson, voisine bien sûr du poème par sa forme, mais de nature différente.
La poésie pure est, en effet, mystère, incantation. Les mots choisis par le poète tiennent de la magie; ils dégagent leurs propres harmoniques dont les ondes emmènent notre esprit à la découverte d'un monde sans rapport avec la réalité visible. Le poème suggère, transmue, transcende le réel. Il ouvre des perspectives infinies, dilate la pensée, exalte la réflexion. Le mot y est signe, symbole, moyen d'investigation, au-delà de notre logique, dans le mystère de la création.
La chanson, au contraire, joue avec la réalité immédiate. Elle doit frapper vite et juste, avec des mots concrets, solides, précis, des mots objets. La poésie n'y surgit pas des profondeurs. Elle y fleurit parfois, mais irisée, légère; étoffe faite d'images vives et colorées saisies au vol le long des rues et des sentiers où l'esprit ne peut s'attarder, emporté qu'il est sur les ailes de la musique.
Aussi le texte d'une chanson doit-il être clair, net, dépouillé, percutant, serré comme un dialogue de théâtre, car la chanson elle aussi est
une comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univers
mais une comédie éclair qui se déroule en quelques couplets.
L'ellipse, l'antithèse, l'allusion, la litote, la métaphore (on dirait des noms d'oiseaux) sont les moyens les plus courants de cet art qui a le grand mérite de "tordre le cou à l'éloquence" dans la nécessité où il se trouve, pour atteindre son objectif, de faire passer tout son monde par des raccourcis.
Cher lecteur, trente années de chansons dorment dans ce recueil. Nées dans un siècle qui, bien davantage que les précédents, en a vu de toutes les couleurs, beaucoup d'entre elles ont suivi dans sa course folle le bateau de l'histoire. Elles ont été chantées à Paris, à Londres, à Bruxelles, à Lausanne, à Athènes, et même au-delà des océans, devant les publics les plus divers. Bien qu'anti-commerciales, elles ont fait à travers l'espace et le temps leur petit bonhomme de chemin, elles le poursuivent encore discrètement et, à l'heure actuelle, elles se portent bien. Merci!
Quoi qu'il arrive, cher lecteur, souviens-toi, en parcourant ce recueil, de son titre (emprunté à une réplique de Molière) qui l'explique, l'éclaire et le justifie, je le répète ici une dernière fois, pour ta gouverne et afin que nul ne l'ignore: chansons que tout cela!